Abstracts
Alors que le monde moderne se définit par le dépérissement de la religion et de la magie devant les progrès de la science et de la raison, le sens que Baudelaire donne à la modernité est celui d’une opération magique. Sans prétendre résoudre ce paradoxe, le présent article a l’ambition de mieux le cerner en comparant l’esthétique de Baudelaire à ses lectures du dix-huitième siècle.
Baudelaire; magie; philosophie; poésie
Enquanto o mundo moderno se define pelo declínio da religião e da magia diante dos progressos da ciência e da razão, o sentido que Baudelaire dá à modernidade é o de uma operação mágica. Sem pretender resolver esse paradoxo, o presente artigo tem a ambição de elucidá-lo um pouco mais por meio da comparação entre a estética de Baudelaire e suas leituras do século XVIII.
Baudelaire; magia; filosofia; poesia
Whereas the modern world is characterized by the decline of religion and magic in the face of scientific progress and reason, the meaning Baudelaire gives to modernity is that of a magical operation. Without claiming to solve this paradox, the present article aims to elucidate it more thoroughly than has previously been done in comparing Baudelaire’s aesthetics to his readings of the eighteenth century.
Baudelaire; magic; philosophy; poetry
Modernité et sorcellerie: Baudelaire lecteur du XVIIIE siècle
Reginald McGinnis* * Professor do Departamento de Francês e Italiano da Universidade do Arizona. Doutor pela Universidade de Stanford (1990) com a tese Poetry and the Sacred: Charles Baudelaire, orientada por René Girard e publicada na França ( La Prostitution sacrée, essai sur Baudelaire. Paris: Editions Belin, 1994).
RÉSUMÉ
Alors que le monde moderne se définit par le dépérissement de la religion et de la magie devant les progrès de la science et de la raison, le sens que Baudelaire donne à la modernité est celui dune opération magique. Sans prétendre résoudre ce paradoxe, le présent article a lambition de mieux le cerner en comparant lesthétique de Baudelaire à ses lectures du dix-huitième siècle.
Mots-clés: Baudelaire; magie; philosophie; poésie
RESUMO
Enquanto o mundo moderno se define pelo declínio da religião e da magia diante dos progressos da ciência e da razão, o sentido que Baudelaire dá à modernidade é o de uma operação mágica. Sem pretender resolver esse paradoxo, o presente artigo tem a ambição de elucidá-lo um pouco mais por meio da comparação entre a estética de Baudelaire e suas leituras do século XVIII.
Palavras-chave: Baudelaire; magia; filosofia; poesia
ABSTRACT
Whereas the modern world is characterized by the decline of religion and magic in the face of scientific progress and reason, the meaning Baudelaire gives to modernity is that of a magical operation. Without claiming to solve this paradox, the present article aims to elucidate it more thoroughly than has previously been done in comparing Baudelaires aesthetics to his readings of the eighteenth century.
Key words: Baudelaire; magic; philosophy; poetry
Dans des pages célèbres consacrées au "recours de Baudelaire à la sorcellerie", Georges Blin attire lattention sur une lettre du 28 mars 1857 où il écrivait à son éditeur Poulet-Malassis: "Rien quavec les souvenirs de mes lectures, du temps que je lisais le XVIIIe siècle", "je vous aurais fait un catalogue éblouissant" non seulement en philosophes, romanciers ou voyageurs, mais aussi "en curiosités de sorcellerie et de sciences mystiques".*1 *1 (BLIN, Georges. Le Sadisme de Baudelaire. Paris: José Corti, 1948: 77. ) De cette lettre évoquant des souvenirs de lectures du dix-huitième siècle, Blin passe à la considération dauteurs contemporains de Baudelaire pour ne plus revenir sur ces livres du siècle précédent dont il aurait fait un "catalogue éblouissant". Mais à quels livres Baudelaire pensait-il? Et quest-ce que ces livres, à supposer quon puisse les identifier, nous apprendraient sur lui? Si, pour Blin, cette lettre vient appuyer lassertion que Baudelaire possédait, du moins "assez bien", la littérature au sujet de la sorcellerie, pour Claude Pichois, elle pourrait "servir de texte à une longue étude sur Baudelaire et le XVIIIe siècle".*2 *2 (BAUDELAIRE, Charles. Correspondance. Bibliothèque de la Pléiade. Paris: Gallimard, 1973: I, 920-21, note 2. ) Cest dans cette double perspective, inspirée de Blin et de Pichois, que jaborderai par le biais de la sorcellerie le rapport entre Baudelaire et le dix-huitième siècle.
Le livre qui, selon lexpression de Constantin Bila, "domine toute la littérature" relative à la magie au dix-huitième siècle a été publié dabord en 1670.*3 *3 (BILA, Constantin. La Croyance en la magie au XVIII e siècle en France. Paris: Librairie J. Gamber, 1925: 91. ) Il sagit du Comte de Gabalis, ou entretiens sur les sciences secrètes de Montfaucon de Villars, dont nous savons par ailleurs que Baudelaire la lu. Cest à ce livre, ainsi que la montré Marc Eigeldinger, que Baudelaire a emprunté en particulier certains éléments du poème en prose "Les Dons des fées".*4 *4 ( REVUE DHISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE, novembre-décembre 1969, no. 6: 1020-1021. ) A en juger par ses nombreuses rééditions et par les oeuvres littéraires qui sen sont inspirées, le Comte de Gabalis a connu une vogue exceptionnelle tout au long du dix-huitième siècle. Mais savoir que ce livre a été beaucoup lu ne permet pas nécessairement de déterminer comment il a été lu. Ces entretiens au cours desquels un narrateur incrédule se fait initier aux mystères de la cabale se prêtent à des interprétations diverses, voire opposées. On peut penser ou bien que Villars se moquait des sciences secrètes ou bien quil leur donnait crédit "sous prétexte de les tourner en ridicule".*5 *5 (VILLARS, Montfaucon de. Le Comte de Gabalis, entretiens sur les sciences secrètes. Préface de Hubert Juin. Paris: Belfond, 1966: 145. )
Un article de Félix Rabbe, paru dans la Revue contemporaine en 1870, résume lopinion de la plupart des commentateurs modernes au sujet des Entretiens de Villars. "Pour nous, qui regardons à distance", dit-il, il est impossible dêtre dupes, et dy voir autre chose quune critique de la superstition. A suivre le raisonnement de Rabbe, il faudrait conclure que Baudelaire, qui sans doute voyait dans Villars autre chose quune critique de la superstition, était dupe malgré la distance qui le séparait du dix-septième siècle. Mais si Baudelaire, qui admirait la lucidité de Sade et de Laclos relative à la duperie précisément, était dupe lui-même, ce ne pouvait pas être dune manière bien commune. Ce nétait ni par défaut de réflexion, ni par excès de crédulité.
La différence entre Baudelaire et un critique comme Félix Rabbe nest pas limitée au seul exemple des Entretiens de Villars. Elle concerne leurs points de vue respectifs sur le dix-huitième siècle. Considérer Villars comme un précurseur de Voltaire était, pour Félix Rabbe, un grand éloge. Pour sentir toute la distance qui sépare Baudelaire dun tel point de vue, il suffit de rappeler la note quil écrivait quelques années plus tôt dans ses Journaux Intimes: "Je mennuie en France, surtout parce que tout le monde y ressemble à Voltaire".1 1 Les références des citations de Baudelaire renvoient à lédition de la Pléiade de Claude Pichois, 2 vol.. Paris: Gallimard, 1975-76. *6 *6 (I, 687)
Pour les philosophes du dix-huitième siècle, la magie est associée aux pays et aux temps de lignorance. Ce qui veut dire, en résumé, que, depuis lantiquité, elle était cultivée par tous les peuples de la terre. A lire les articles de lEncyclopédie à ce sujet, on se persuade aisément que la philosophie a réussi à dissiper les croyances magiques. Cest ce dont un de leurs adversaires, labbé Fiard, est persuadé aussi. "Rien nest si commun aujourdhui", écrit-il dans la première de ses Lettres philosophiques sur la magie "que lopinion qui nie la possibilité de la Sorcellerie."*7 *7 (Paris: 1803: 1.) Etant daccord avec les philosophes sur la diminution des croyances en la magie au dix-huitième siècle, Fiard nen tire pas moins des conclusions contraires aux leurs. Si, pour les philosophes, la magie équivaut à une tromperie, la démystification de la magie par des philosophes est qualifiée de tromperie par Fiard.
Retournant la critique philosophique de la magie contre les philosophes eux-mêmes, Fiard a recours à une méthode assez répandue parmi les antiphilosophes à cette époque, et qui a été utilisée en particulier par labbé Guyon dans sa critique de Voltaire au sujet de la religion. Cest ainsi que, dans La France trompée par les magiciens et démonolâtres du dix-huitième siècle, Fiard met en épigraphe des citations de Pierre Bayle et de lEncyclopédie pour montrer que lexistence de la magie et du commerce entre les hommes et les démons a été reconnue même par des philosophes.2 2 La définition de la magie ou des magiciens donnée par Fiard "Quest-ce quun magicien ou un sorcier? Cest sans contredit un homme qui opère par le moyen du Démon ou des mauvais génies." (Lettres philosophiques sur la magie. Paris: 1803: 1-2) é tait courante au dix-huitième siècle. Elle correspond à celle de la première édition du Dictionnaire de LAcadémie française en 1694: "On appelle, Magie noire, Celle qui fait ses opérations par le moyen des démons." Commentant des passages de livres comme La Magie blanche dévoilée, Fiard sapplique à réfuter des philosophes ayant voulu expliquer les phénomènes surnaturels par des procédés purement physiques. Si on peut douter de la bonne foi de Fiard, qui ne répugne pas à déformer les citations de ses adversaires, il nest pas faux en un sens, même dans une perspective philosophique, de considérer lentreprise démystificatrice comme une tromperie.
Sinterrogeant sur les antécédents de lesthétique baudelairienne au dix-huitième siècle, Marcel Ruff observe que la méchanceté associée à cette époque "ne se traduit pas seulement par le persiflage et la mystification dont les noms mêmes durent être alors inventés pour baptiser ces nouvelles formes doutrages", mais va "jusquà la violence et jusquau meurtre."*8 *8 (RUFF, Marcel. LEsprit du mal et lesthétique baudelairienne. Paris: Armand Colin, 1955: 14. )
A considérer les histoires respectives de ces mots, dans lesquelles Ruff voit une illustration des murs du dix-huitième siècle, on y trouve réunies de nouveau la démystification et la tromperie. Cest ainsi que, dans son livre intitulé Le Siècle du persiflage, Elisabeth Bourguinat distingue entre un persiflage "mondain" propre aux"roués", dune part, et, dautre part, un persiflage"philosophique" destiné à instruire les lecteurs.*9 *9 (BOURGUINAT, Elisabeth. Le Siècle du persiflage. Paris: Presses Universitaires de France, 1998: 172. ) En ce qui concerne le mot mystification dont Ruff a raison dobserver quil "se relie à la vogue de loccultisme",*10 *10 (RUFF, Marcel. Op. cit.: 378, note 23.) il nen est pas moins associé à la critique du religieux. Ruff sapproche de la vérité en reliant la mystification à une méchanceté allant jusquà la violence et jusquau meurtre. Il fallait inverser la formule, pourtant, en létendant à la pensée des Lumières pour dire que la violence et le meurtre que les philosophes voyaient dans le rituel étaient parodiés dans des "jeux de société".
Lassimilation de la philosophie à la tromperie dans les écrits de Fiard au sujet de la magie se retrouve aussi dans les uvres esthétiques de Baudelaire dont elle constitue un des traits essentiels. De même que Fiard accuse les philosophes davoir trompé la France en niant lexistence des démons, Baudelaire attribue ce quil appelle "laveuglement général" du dix-huitième siècle à "la négation du péché originel".*11 *11 (II, 715.) "La plupart des erreurs relatives au beau", écrit-il dans Le Peintre da la vie moderne, "naissent de la fausse conception du XVIIIe siècle relative à la morale".*12 *12 (II, 715.) Repoussant la conception de la nature "comme base, source et type de tout bien et de tout beau possibles", Baudelaire affirme, au contraire, que "le bien est toujours le produit dun art" et fait valoir la beauté des "formes artificielles".
Il pourrait sembler vain de comparer les idées esthétiques de Baudelaire aux livres de labbé Fiard sans savoir même si Baudelaire les a lus. Mais si Baudelaire na pas lu ces livres, il a dû en lire dautres semblables. Cest ce qui est suggéré par la lettre à Poulet-Malassis que je citais tout à lheure où Baudelaire évoquait au sujet du dix-huitième siècle ses connaissances "en curiosités de sorcellerie et de sciences mystiques". Lessentiel, pourtant, nest pas détablir que tel auteur a été lu ou non par Baudelaire, mais douvrir une perspective qui cadre, en partie du moins, avec la sienne.
Si la référence aux écrits de Fiard sur la magie éclaire la position de Baudelaire relative à lesthétique et à la morale, cette référence permet a fortiori de comprendre le sens esthétique et moral que Baudelaire accorde à la magie. Que la magie puisse être conçue en termes moraux, on le voit, par exemple, dans le passage suivant du Peintre de la vie moderne: "La femme est dans son droit, et même elle accomplit une espèce de devoir en sappliquant à paraître magique et surnaturelle".3 3 Je souligne. *13 *13 (II, 717.) Parodiant des théoriciens du droit naturel, Baudelaire inverse les termes des arguments des "philosophes candides" pour légitimer "toutes les pratiques employées dans tous les temps par des femmes pour consolider et diviniser" leur beauté.
Le chapitre du Peintre de la vie moderne auquel je me réfère, Eloge du maquillage, est un des passages en prose les plus cités de luvre de Baudelaire. De ce passage riche en formules célèbres "idole, elle doit se dorer pour être adorée" une phrase en particulier mérite dêtre retenue: "Il importe fort peu que la ruse et lartifice soient connus de tous", écrit Baudelaire, "si le succès en est certain et leffet toujours irrésistible".*14 *14 (II, 717.) Cette dernière phrase, quoique moins célèbre que dautres citées plus haut, me paraît essentielle. Dire à propos de leffet magique obtenu par lemploi "des poudres et du rouge" quil importe peu "que la ruse et lartifice soient connus de tous", cest dire que la magie continue à faire son effet en dépit de sa démystification. Ce qui donne à penser que le désenchantement du monde nest pas le dernier mot de lentreprise démystificatrice.
Que ce que je dis ici ne soit pas pris pour une critique sans nuances de la philosophie des Lumières. Quand Baudelaire écrit dans le poème en prose Mademoiselle Bistouri: "Jaime passionnément le mystère, parce que jai toujours lespoir de le débrouiller",*15 *15 (I, 353) il exprime sans doute sa propre pensée. Autant cette attitude paraît éloignée de celle de Voltaire dont Baudelaire écrit, dans Mon Cur mis à nu, quil "haïssait le mystère", autant elle est proche de celle de Diderot dont lesprit encyclopédiste est doublé dune attirance pour les sujets mystérieux. Lauteur qui écrivait dans LHistoire et le secret de la peinture en cire: "Rien nest plus contraire aux progrès des connaissances que le mystère" est aussi celui qui allait écrire La Religieuse et LHistoire des portraits.
Si, ainsi que Baudelaire lécrit dans le Salon de 1859, "la poésie et le progrès sont deux ambitieux qui se haïssent dune haine instinctive",*16 *16 (II, 618.) il est naturel que ce qui est repoussé par celui-ci soit récupéré par celle-là. Il en va de la magie, pourtant, comme de la religion. Il ne faudrait pas prendre sa récupération au-delà du mouvement des Lumières pour une simple réhabilitation.
La "fausse conception du dix-huitième siècle relative à la morale" à laquelle Baudelaire attribue "la plupart des erreurs relatives au beau" concerne aussi les notions de liberté, dindividualité et doriginalité auxquelles on accordait, à cette époque, une importance nouvelle. Évoquant le règne de Louis XV comme une période où il y avait encore des écoles ce par quoi il entend "une foi", "limpossibilité du doute", "des élèves unis par des principes communs" , Baudelaire considère labsence de ceux-ci comme "un vice particulier à (son) siècle". "Létat actuel de la peinture", écrit-il dans le Salon de 1846, "est le résultat dune liberté anarchique qui glorifie lindividu, quelque faible quil soit, au détriment des associations." Pour ajouter un peu plus loin: "Lindividualité, cette petite propriété, a mangé loriginalité collective".*17 *17 (II, 492.)
Lévolution soulignée par Baudelaire allant des écoles du temps de Louis XV à la liberté anarchique de son siècle séclaire par la thèse de Roland Mortier qui voit les origines de la "révolution de lesthétique moderne" dans la contestation de la mimesis au milieu du dix-huitième siècle. Mais si loriginalité constitue une "nouvelle catégorie esthétique au dix-huitième siècle", cela nest pas sans ambiguïté. Un auteur aussi original que Diderot avait des réserves à légard de loriginalité, dont il écrivait dans lEncyclopédie quelle est "très-rare" et que "la plupart des hommes ne sont en tous genres, que des copies les uns des autres". Cest labsence doriginalité, de même, qui fait lobjet de plusieurs passages du Salon de 1859 où lartiste moderne est qualifié par Baudelaire denfant gâté: imitateur dautres imitateurs, il possède bien son métier, mais peint sans imagination et sans âme.
Par contraste avec les faux artistes, qui, ainsi que Baudelaire lécrit dans le Salon de 1859, "veulent exprimer la nature, moins les sentiments quelle inspire"*18 *18 (II, 660.) et dont lâme reste fermée, le vrai artiste est, selon lexpression du Peintre de la vie moderne, un "observateur passionné, amoureux de la vie universelle".*19 *19 (II, 691-692.) Les attitudes respectives du vrai et du faux artiste dénotent deux rapports opposés entre lindividu et la foule: dune part, lartiste agissant sur la foule qui réagit sur lartiste dans une "stupide conspiration" pour sentraîner mutuellement dans la voie du progrès, et, dautre part, lartiste authentique, "moi insatiable du non-moi", dont la passion et la profession est "dépouser la foule", et qui tire son originalité de la contemplation de la vie.
Allant à travers les paysages des grandes villes, le vrai artiste, écrit Baudelaire dans Le Peintre de la vie moderne: "cherche ce quelque chose quon nous permettra dappeler la modernité; car il ne se présente pas de meilleur mot pour exprimer lidée en question. Il sagit, pour lui, de dégager de la mode ce quelle peut contenir de poétique dans lhistorique" ... den extraire "la beauté mystérieuse".*20 *20 (II, 694-95.) Alors que le monde moderne se définit par le dépérissement de la religion et de la magie devant les progrès de la science et de la raison, le sens que Baudelaire donne à la modernité est celui dune opération magique.
Cette conception de la modernité associant la peinture à la magie qui sexprime dans les grands textes de la maturité est contenue déjà dans LArt philosophique où lart moderne est qualifiée de "magie suggestive" et dans LExposition universelle de 1855 où Baudelaire écrit: "La peinture est une évocation, une opération magique (...) et quand le personnage évoqué, quand lidée ressuscitée, se sont dressés et nous ont regardés face à face, nous navons pas le droit (...) de discuter les formules évocatoires du sorcier".*21 *21 (II, 580.) Le recours à la magie dans la conception de lart moderne est, ainsi quil a été suggéré plus haut, le contrecoup de lidée du progrès contre laquelle Baudelaire vitupère dans le même article. Cette théorie énoncée, mais sans être développée, dans lExposition universelle séclaire à la lumière dun passage de Quelques Caricaturistes étrangers au sujet dune classe des oeuvres de Brueghel lAncien que le dix-neuvième siècle, pour qui, ainsi que Baudelaire lobserve, "rien nest difficile à expliquer, grâce à son double caractère dincrédulité et dignorance, qualifierait simplement de fantaisies et de caprices", mais qui contient, selon Baudelaire, "une espèce de mystère".*22 *22 (II, 573.) Au "mystère" quil voit dans les oeuvres de Brueghel, Baudelaire oppose les explications fausses, bien entendu de son siècle auquel il attribue un caractère dincrédulité et dignorance. Alors que Baudelaire parle ici de lincrédulité du dix-neuvième siècle, il parle ailleurs de sa crédulité. Au lieu de sarrêter à ce qui pourrait paraître une contradiction, il faut voir plutôt que, dans la perspective qui est la sienne, la crédulité est la cause ou leffet de lincrédulité; que labsence de foi en la peinture est le revers dune foi trop grande en le progrès.
De même que, dans lExposition universelle, Baudelaire affirme que les formules du sorcier ne sont pas à discuter, il souligne limpuissance des théories du dix-neuvième siècle pour expliquer les uvres de Brueghel, en se référant de nouveau à la pensée de Voltaire: "Les derniers travaux de quelques médecins, qui ont enfin entrevu la nécessité dexpliquer une foule de faits historiques et miraculeux autrement que par les moyens commodes de lécole voltairienne, laquelle ne voyait partout que lhabileté dans limposture, nont pas encore débrouillé tous les arcanes psychiques. Or, je défie quon explique le capharnaüm diabolique et drôlatique de Brueghel le Drôle autrement que par une espèce de grâce spéciale et satanique".*23 *23 (II, 573) A le prendre isolément, on pourrait penser que ce passage ne présente quun intérêt limité. Pour apercevoir toute sa richesse, on doit rapprocher la "grâce spéciale et satanique" par laquelle Baudelaire explique la force créatrice de Brueghel de la "religion satanique" quil mentionne à propos de la musique de Wagner, et dont jai essayé de montrer ailleurs quelle est au cur de sa pensée.*24 *24 (McGINNIS, Reginald. La Prostitution sacrée: essai sur Baudelaire. Paris: Belin, 1994. )
Pour comprendre les uvres de Brueghel, Baudelaire préfère une explication magique à celle de lécole voltairienne. Son originalité relative à ce sujet est de ne pas considérer ces deux explications comme une simple alternative entre progrès et régression. Selon Voltaire, "lEglise condamna la magie, mais elle y crut toujours."*25 *25 ( Dictionnaire philosophique. Chronologie et préface de René Pomeau. Paris: Garnier-Flammarion, 1964: 358. ) En rejetant la philosophie voltairienne, Baudelaire ne retombe pourtant pas sur lorthodoxie catholique. Il lui est possible de concilier la magie avec la religion puisque celle à hauteur de laquelle il cherche à sélever est elle-même "contre-religion".
De lalliance paradoxale entre la sorcellerie et la modernité on trouve, dans Quelques Caricaturistes étrangers, un autre exemple, celui de Goya, dont Baudelaire observe quil est "toujours un grand artiste" unissant "à la gaieté, à la jovialité, à la satire espagnole du bon temps de Cervantès, un esprit beaucoup plus moderne".*26 *26 (II, 568.) Soulignant la modernité de Goya, Baudelaire trouve curieux que cet artiste "qui vient après le grand mouvement satirique et démolisseur du dix-huitième siècle, et auquel Voltaire aurait su gré (...) de toutes ces caricatures monacales (...) ait tant rêvé sorcières, sabbat (et) diableries".*27 *27 (II, 568.)
Que les idées de Baudelaire au sujet de la peinture puissent sappliquer à la poésie, cest ce dont personne, sans doute, na besoin dêtre convaincu aujourdhui.4 4 Voir, à ce sujet, la bibliographie de Yann le Pichon et Claude Pichois. Le Musée retrouvé de Charles Baudelaire. Paris: Stock, 1992: 234-236. En fait, il parle volontiers de peinture en termes de poésie, comme dans le Salon de 1846 à propos des "sujets amoureux et de M. Tassaert", ou, inversement, de poésie en termes de peinture, comme dans le Salon de 1859, où il appelle Victor Hugo "le roi des paysagistes".*28 *28 (II, 668.) En ce qui concerne la poésie, dans son rapport à la magie ou à la sorcellerie, on pense dabord aux Fleurs du mal et à la dédicace à Théophile Gautier,"magicien ès lettres françaises". Cest au recueil de vers surtout quon associe cette "sorcellerie évocatoire" qui consiste à prendre "la langue et lécriture" comme "opérations magiques".*29 *29 (Voir BRUNEL, Pierre. Baudelaire et le "puits des magies". Paris: José Corti, 2003. ) Mais Baudelaire "ne réserve pas à lincantation poétique", ainsi que lobserve Georges Blin, le pouvoir de "tirer du vide une seconde réalité".*30 *30 (BRUNEL, P. Op. cit.: 98.) Les poèmes en prose du Spleen de Paris, dont la composition est, pour la plupart, postérieure à celle des poèmes en vers, ont été composés en une dizaine dannées à partir de 1855. Ils sont ainsi contemporains de la majorité des écrits esthétiques que jai cités plus haut, de lExposition universelle au Peintre de la vie moderne. Si la forme nouvelle et en apparence contradictoire du poème en prose présente une rupture par rapport à la tradition poétique française, à laquelle Les Fleurs du mal, quelle que soit leur originalité, restent soumises, elle est sans doute plus propre, par cela même, à satisfaire aux exigences dune esthétique unissant la pensée magique à la description de la vie moderne.
A propos du poème en prose "Les Dons des fées", les éditeurs de Baudelaire, depuis Robert Kopp, observent linfluence du Comte de Gabalis, ou entretiens sur les sciences secrètes de Montfaucon de Villars dont jai parlé tout à lheure. Etablir linfluence de Villars peut passer pour une explication. Mais, à bien réfléchir à ce que disent les critiques, cette influence nexplique pas beaucoup. Selon Marc Eigeldinger, elle est limitée à la mention, au treizième paragraphe du poème en prose, des Gnomes, des Salamandres, des Sylphes et des Ondins. Et, qui plus est, Baudelaire se serait "affranchi de son modèle" auquel il naurait repris "que la personnification des génies élémentaires afin de les projeter dans lunivers de la fiction."*31 *31 ( REVUE DHISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE, novembre-décembre 1969, no. 6: 1020-1021. )
Ce poème en prose commence par les mots: "Cétait grande assemblée des fées", et si on allait envisager un "modèle", ainsi quEigeldinger le fait, il serait plus naturel de partir dici plutôt que dune allusion relativement cachée aux substances élémentaires de Villars. Lhistoire des contes merveilleux doit compter beaucoup dassemblées des fées. Celle que je retiens ici vient de la première version de La Belle et la Bête en langue française, qui est celle non pas de Madame Le Prince de Beaumont, mais de Madame de Villeneuve. Inséré dans un recueil de cinq volumes publiés en 1740 et 1741, La Jeune Amériquaine et les contes marins, ce conte de 380 pages comporte un passage important sur une assemblée des fées dont il est raisonnable de penser que Baudelaire a pu sen inspirer.
Comme je lai dit tout à lheure à propos des livres de labbé Fiard, il nest pas nécessaire détablir que Baudelaire a lu le conte de Madame de Villeneuve pour justifier leur rapprochement. Il est pourtant vraisemblable que Baudelaire a lu ce conte. Et ce qui nest pas vraisemblable, en revanche, cest lidée quil naurait lu aucun conte comprenant une assemblée des fées. Pour comparer les écrits de Baudelaire et de Madame de Villeneuve, il faut abandonner la notion dimitation au sens strict pour procéder à la manière de Jean Starobinski qui trouve dans le poème en prose "Le Gâteau" des échos de Jean-Jacques Rousseau, dont Baudelaire "retravaille et réinterprète les motifs" en réajustant des scènes pour leur donner un sens nouveau.*32 *32 (STAROBINSKI, Jean. Largesse. Nouvelle édition revue et corrigée par lauteur. Paris: Gallimard, 2007: 123-124. )
Ainsi, à la différence du poème en prose de Baudelaire, où lassemblée des fées a pour objet la répartition des dons parmi les nouveaux-nés, dans le conte de Madame de Villeneuve lassemblée a une fonction judiciaire et soccupe de juger des crimes commis par des fées. Mais, à considérer globalement le poème en prose de Baudelaire et le conte de Madame de Villeneuve, on voit que cette distinction est superficielle. Dans "Les Dons des fées", Baudelaire fait le parallèle entre la justice surnaturelle et la justice humaine en observant quil peut y avoir de la précipitation et du hasard dans lune comme dans lautre. Et si, dans le conte de Madame de Villeneuve, les dons ne sont pas du ressort de lassemblée des fées, il y est pourtant beaucoup question de dons: dons demandés par les soeurs de la Belle; dons offerts par la Bête au père de la Belle; mais surtout ce don de soi exigé par la Bête et consenti par la Belle par lequel celle-ci rachète la vie de son père.
On trouve par ailleurs dans "Les Dons des fées" de nombreux échos du conte de Madame de Villeneuve. Quand, dans le poème en prose de Baudelaire, la fée répond "avec un aplomb digne de son rang", on peut penser à la fée dégradée par lassemblée dans le conte de Madame de Villeneuve pour avoir eu un comportement indigne de son rang. De même que, dans "Les Dons des fées", la loi permettant de donner quelque chose à lenfant oublié après lépuisement des lots nest appliquée que "rarement", la fée jugée par lassemblée dans le conte de Madame de Villeneuve est condamnée pour un affront qui nest commis que "rarement". La fée qui refuse de sexpliquer sur le sens de son don dans la conclusion du poème en prose de Baudelaire se conduit à la manière des fées du conte de Madame de Villeneuve qui se répandent dans le monde "pour faire du bien ou du mal, sans être obligés (...) de rendre compte de (leurs) actions".*33 *33 (Mme VILLENEUVE. Le Cabinet des fées, ou collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux. Amsterdam, 1786, tome 26: 175. ) Comme dans le conte de Mme de Villeneuve encore où la présence obligée des fées à lassemblée est qualifiée par elles de "corvée", les fées dans le poème de Baudelaire regardent comme une "corvée" la distribution des dons. Enfin, le fils du pauvre petit commerçant dans "Les Dons des fées" ressemble à la Belle dans le conte de Madame de Villeneuve dont le père est, lui aussi, un pauvre commerçant par son caractère sacrificiel (ce sur quoi insiste Jérôme Thélôt), mais aussi par le don quil reçoit de la fée, à savoir le don de plaire.
Un autre conte dont on retrouve des échos dans "Les Dons des fées" est Le Prince fatal et le prince fortuné de Madame Le Prince de Beaumont. Une fée, étant priée de faire des dons à deux petits garçons, doue laîné "de toutes sortes de malheurs jusquà lâge de vingt-cinq ans." Ce contre quoi la mère proteste en demandant à la fée de lui laisser choisir elle-même un don pour son second fils, à qui elle souhaite de réussir toujours "dans tout ce quil voudra faire". Paradoxalement, lenfant doué de toutes sortes de malheurs développe un excellent caractère et finit par réussir en tout, tandis que son frère, à qui il est permis de réussir, devient méchant et va déchec en échec. Par une ironie semblable, dans le poème en prose de Baudelaire, le don de senrichir est adjugé à "lunique héritier dune famille très riche" qui, loin de jouir de sa fortune, sen trouve embarrassé, et le don de poésie à lenfant dun pauvre carrier ne pouvant, "en aucune façon, aider les facultés, ni soulager les besoins" de son fils infortuné. Comme dans le conte de Madame Le Prince de Beaumont, où la mère ne comprend pas le sens du don attribué par la fée à son fils aîné, le petit commerçant dans le poème en prose de Baudelaire ose interroger la fée en dépit davoir obtenu pour son enfant le meilleur des lots.
Que conclure de ces comparaisons avec des contes de fées du dix-huitième siècle? Est-ce quil faut voir dans le poème en prose de Baudelaire, ainsi que le suggère Jérôme Thélôt dans Violence et poésie, un récit mythologique critique du mythe?
Soulignant lintervalle dans "Les Dons des fées" entre le don de poésie et le don de plaire, Thélôt affirme que ce poème en prose "subvertit la perspective de tant de moments des Fleurs du mal dans Bénédiction, dans LAlbatros où lélection de la position victimaire, par orgueil et pour ses vertus esthétiques, obscurcit la clairvoyance".*34 *34 (THÉLÔT, Jérôme. Violence et poésie. Paris: Gallimard, 1993: 96. )
Il est légitime de voir dans Le Spleen de Paris un commentaire des Fleurs du mal et sans doute aussi de trouver dans "Les Dons des fées" une critique de la vocation sacrificielle du poète. Mais une telle critique nest pas généralisable à lensemble des Petits Poèmes en prose, et encore moins aux Journaux intimes qui leur sont contemporains et où lesquisse dune apologie de la peine de mort, par exemple, se fait dans des termes éminemment sacrificiels.
Ce que Baudelaire écrit sur Goya vaut également, bien sûr, pour lui-même: il a conscience de venir après "le grand mouvement satirique et démolisseur du dix-huitième siècle." On peut considérer ainsi que la perspective démystificatrice mise en évidence par Thélôt est, contrairement à ce que donnerait à penser le discours du progrès, préalable à la perspective sacrificielle. Mais la clairvoyance elle-même, si tel est le sens que Thélôt donne à la démystification, est doublée dobscurité. Ainsi que jai essayé de le montrer ailleurs, la condamnation des sacrifices dans la philosophie des Lumières passe par un recours à des schèmes sacrificiels.
Pour inscrire Baudelaire dans la continuité du dix-huitième siècle, il faut repérer ce quil peut y avoir de contradictoire dans les Lumières elles-mêmes. Georges Blin tente dexpliquer par une manière daura "que Baudelaire sest appliqué à recomposer autour de son vers",*35 *35 (THÉLÔT, Jérôme. Op. cit.: 99) son emploi des mots magie et magique dans un sens métaphorique. "Rien de plus caractéristique", écrit Blin, "que la fréquence avec laquelle ce mot revient, dans sa valeur affaiblie, sous sa plume (...) De Delacroix, lequel possède la magie de la couleur, Baudelaire exalte lart magique grâce auquel il a pu traduire la parole par des images plastiques; Hugo retrouve le talent du magicien comme Marceline Desbordes-Valmore les explosions magiques de la passion, comme Gautier la magie de langage".*36 *36 (Ibidem: 99, note 5.) De quelque manière quon explique lusage que Baudelaire fait de ces mots, ils sont facilement conciliables avec sa propre esthétique. Toute la difficulté, à mon sens, consiste à déterminer le degré de métaphoricité quil faut leur accorder.
La comparaison avec Diderot, dont la pensée relative à la magie semble être opposée à celle de Baudelaire, puisquil prônait labandon du merveilleux dans les beaux-arts, est révélatrice. A parcourir le Salon de 1767, on saperçoit que lemploi de ces mots dans leur sens affaibli nest pas moins fréquent chez le philosophe: "la magique harmonie" qui lie divers objets dans un tableau, "la magie de la prosodie", "la magie de la lumière et des ombres", "la magie du pinceau", "la magie de la peinture", voici quelques-unes des expressions caractéristiques des écrits de Diderot sur les beaux-arts.*37 *37 (DIDEROT, Denis. uvres complètes de Diderot. Paris: Garnier, 1876, tome XI: 114, 173, 178, 227 et 237. ) La contradiction quon serait tenté de voir entre les théories esthétiques de Diderot et son emploi des mots magie et magique dans un sens métaphorique est plus apparente que réelle. Le sens figuré de ces mots est sans doute une conséquence du mouvement des Lumières, et Diderot doit être un des premiers à en avoir fait un usage aussi étendu.
"Si Baudelaire avait eu le temps ou la volonté dachever Fusées ou Mon Cur mis à nu, écrit encore Blin, "nous serions maintenant fixés sur le degré de validité quil accordait exactement à lexercice de la magie."*38 *38 (DIDEROT, Denis. Op. cit: 75) Rien, à mon avis, nest moins certain. A supposer que Baudelaire eût achevé les ouvrages en question, son recours à la magie me paraît trop paradoxal pour que nous puissions fixer "exactement" sa pensée à ce sujet. Semblable en cela au Satan du Joueur généreux, Baudelaire mettait sa gloire, ainsi quil lécrit dans son dernier projet de préface pour les Fleurs du mal, "à nêtre pas compris, ou à ne lêtre que très peu".*39 *39 (I, 184.) Il aurait vraisemblablement laissé quelques lignes, ou quelques pages, de plus magnifiques peut-être , sans livrer plus quailleurs la clé de lénigme.
Recebido em: 01/05/2007
Aprovado em: 12/06/2007
- *1 (BLIN, Georges. Le Sadisme de Baudelaire. Paris: José Corti, 1948: 77.
- *2 (BAUDELAIRE, Charles. Correspondance. Bibliothèque de la Pléiade. Paris: Gallimard, 1973: I, 920-21, note 2.
- *3 (BILA, Constantin. La Croyance en la magie au XVIII e siècle en France. Paris: Librairie J. Gamber, 1925: 91.
- *4 (REVUE DHISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE, novembre-décembre 1969, no. 6: 1020-1021.
- *5 (VILLARS, Montfaucon de. Le Comte de Gabalis, entretiens sur les sciences secrètes. Préface de Hubert Juin. Paris: Belfond, 1966: 145.
- *8 (RUFF, Marcel. LEsprit du mal et lesthétique baudelairienne. Paris: Armand Colin, 1955: 14.
- *9 (BOURGUINAT, Elisabeth. Le Siècle du persiflage. Paris: Presses Universitaires de France, 1998: 172.
- *24 (McGINNIS, Reginald. La Prostitution sacrée: essai sur Baudelaire. Paris: Belin, 1994.
- *25 (Dictionnaire philosophique. Chronologie et préface de René Pomeau. Paris: Garnier-Flammarion, 1964: 358.
- *29 (Voir BRUNEL, Pierre. Baudelaire et le "puits des magies". Paris: José Corti, 2003.
- *31 (REVUE DHISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE, novembre-décembre 1969, no. 6: 1020-1021.
- *32 (STAROBINSKI, Jean. Largesse. Nouvelle édition revue et corrigée par lauteur. Paris: Gallimard, 2007: 123-124.
- *33 (Mme VILLENEUVE. Le Cabinet des fées, ou collection choisie des contes des fées, et autres contes merveilleux. Amsterdam, 1786, tome 26: 175.
- *34 (THÉLÔT, Jérôme. Violence et poésie. Paris: Gallimard, 1993: 96.
- *37 (DIDEROT, Denis. uvres complètes de Diderot. Paris: Garnier, 1876, tome XI: 114, 173, 178, 227 et 237.
- 1 Les références des citations de Baudelaire renvoient à lédition de la Pléiade de Claude Pichois, 2 vol.. Paris: Gallimard, 1975-76.
- 2 La définition de la magie ou des magiciens donnée par Fiard "Quest-ce quun magicien ou un sorcier? Cest sans contredit un homme qui opère par le moyen du Démon ou des mauvais génies." (Lettres philosophiques sur la magie. Paris: 1803: 1-2) é
- 4 Voir, à ce sujet, la bibliographie de Yann le Pichon et Claude Pichois. Le Musée retrouvé de Charles Baudelaire. Paris: Stock, 1992: 234-236.
Publication Dates
-
Publication in this collection
24 Jan 2008 -
Date of issue
June 2007
History
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Accepted
12 June 2007 -
Received
01 May 2007