Résumé
Cet article vise à rechercher dans le roman de Patrick Modiano, Dora Bruder (1997), le sens et la pertinence de l'effacement visuel comme ressource narrative, matérialisée dans l'absence d'images photographiques et dans l'utilisation de l’ekphrasis, pour faire face au traumatisme laissé par la persécution et la mort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. L'option de l'auteur de refuser au lecteur l'exposition de la jeune fille juive disparue à Paris pendant l'occupation allemande est une métaphore de l'élimination, de l'effacement, du bâillonnement et de la mort de la mémoire sociale d'un peuple. En réponse à cette amnésie imposée, la mémoire est utilisée pour interroger un passé qui devient récit afin de permettre la réélaboration d'expériences douloureuses rendues plus compréhensibles parce qu'elles peuvent être dites.
Mots-clés :
photographie; mémoire; ekphrasis; effacement; Patrick Modiano