Résumé
Par la méthode historique-comparative, cet article aborde les impacts, sur les États-Unis, l’Allemagne et le Brésil, des quatre crises économiques internationales survenues jusqu’en 2019, en se concentrant principalement sur leurs effets sur le régime politique et le post-2008. Les pays sélectionnés ont eu des expériences autoritaires distinctes, anciennes ou actuelles. Je conceptualise l’État de manière tridimensionnelle : régime politique, appareil décisionnel et structure de domination politique appuyée sur des coalitions. J’argumente que les conjonctures internationales critiques ont tendance à avoir un impact sur cette tridimensionalité, facilitant l’observation de ses variations et continuités. Je formule et corrobore trois hypothèses sur ces crises : elles ont tendance à augmenter ou diminuer les niveaux de démocratie ou d’autocratie des régimes ou à les changer ; la réponse autocratisante dépend d’une relation de forces pro-entreprises, subordonnant les travailleurs ; l’engagement démocratique des acteurs s’oppose à l’autocratisation. La contribution à la littérature réside dans la manière d’aborder les processus d’autocratisation et de démocratisation, ici étudiés à travers les impacts des crises économiques internationales sur les États. Les conjonctures critiques éclairent les composants clés de la mutabilité du Léviathan. On examine le régime politique par la politique économique des relations entre l’État, les marchés et les classes sociales, et non exclusivement par les variables politico-institutionnelles. On analyse les mécanismes d’intersection de la sphère et des acteurs politico-institutionnels avec les structures et acteurs économiques et sociaux, qui, impactant la tridimensionalité de l’État, entraînent des changements de régime ou dans le régime.
crises du capitalisme; État; régimes politiques; autocratisation; coalitions