RÉSUMÉ
Cet article explore la prémisse de contraste strict entre “idéalistes utopiques” et “organiques” supposée par des auteurs qui, en dépit d’importantes différences analytiques et générationnelles, s’accordent sur l’un des canons les plus représentatifs de la pensée politique brésilienne: Oliveira Vianna, Guerreiro Ramos et Wanderley Guilherme dos Santos. En lieu et place de ce dualisme rigide, nous suggérons d’importantes affinités entre les utopiques et les organiques. En portant une attention particulière au thème de la représentation politique, nous aborderons les deux univers intellectuels en question à partir, d’un côté, des ½uvres des libéraux José de Alencar, Assis Brasil et Gilberto Amado, et de l’autre, des autoritaires Alberto Torres et Oliveira Vianna. De notre point de vue, les deux groupes d’auteurs convergent quant au diagnostic sur la condition sociologique nationale (clanique et familiale), mais également ce qui concerne leur vision du futur (liée aux expectatives d’unité nationale et d’initiative politique de l’État). Le contraste sans équivoque entre les groupes réside surtout dans les différents acteurs et stratégies de la mise en ½uvre de la politique d’État : pour les libéraux, le Parlement génèrerait un conflit sain entre les parties se disputant diverses conceptions de l’intérêt public, tandis que chez les autoritaires, la raison d’État est propre à un sujet éclairé et privilégié, le gouvernant, à qui il revient de faire régner l’unité sur les scènes sociale et politique.
autoritarisme instrumental; libéralisme brésilien; Première République; Oliveira Vianna; Assis Brasil