Résumé
L’article vise à étudier un parcours unique de réception et de traduction des idées d’Antonio Gramsci au Brésil. Ce travail vise à reconstruire la pensée politique de Fernando Henrique Cardoso pendant la dictature militaire et la transition démocratique brésilienne (1964-1988), en prenant comme fil conducteur l’interprétation et l’utilisation par l’auteur des idées d’Antonio Gramsci au fil du temps pour analyser la formation de l’État, des classes sociales et de la politique au Brésil. Le texte développe l’hypothèse de la centralité des concepts gramsciens dans la pensée de Cardoso en trois phases de réfraction gramscienne : (i) entre 1964 et 1974, dans la thèse de l’hégémonie dépendante de la bourgeoisie au Brésil, (ii) entre 1974 et 1983, dans la défense de l’État brésilien en tant que « Prince modern » comme catégorie d’analyse de la coalition agraire-industrielle-militaire dans la période post-1964, et (iii) de 1983 à 1988, dans la formulation du transformisme autoritaire-éclairées comme comportement des élites économiques et militaires brésiliennes face à la pression pour la démocratisation du régime. L’utilisation par Cardoso des concepts gramsciens est créative à tous ces moments. En d’autres termes, le penseur brésilien s’inspire des concepts gramsciens pour créer son propre lexique d’analyse de la politique brésilienne. L’article explore donc non seulement la réception, mais aussi la traduction des idées de Gramsci chez Fernando Henrique Cardoso.
hégémonie; Brésil; Gramsci; Fernando Henrique Cardoso; démocratie