Cet article analyse le processus de « modernisation » de la Marine de guerre brésilienne à la fin de l'Empire et au début de la Première République à partir des projets de rénovation matérielle (équipements) et humaine (formation et recrutement des militaires), mis en œuvre notamment pendant le ministère Alexandrino de Alencar (1906-1910). L'étude remet en question la division traditionnellement admise par l'historiographie entre le personnel et le matériel et montre que des contradictions existaient à l'intérieur de chacune de ces dimensions. D'une part, elle met à jour les intérêts en jeu et les limites des projets navals brésiliens, dans le contexte national et international du tournant des XIXe et XXe siècles. D'autre part, elle montre que les solutions envisagées pour résoudre le problème du sous-effectif contribuèrent à remodeler les écoles d'apprentis-marins. Si l'ensemble de ces projets étaient portés par le désir de « civiliser » les futurs marins de la République, ils ont également été ressentis et vécus à leur manière par les matelots. Ils ont notamment contribué à créer une identité commune, créant les bases pour la révolte de 1910, un événement qui s'inscrit lui-aussi dans le cadre de la modernisation de l'Armada brésilienne.
Marine brésilienne; modernisation; équipements; recrutement; écoles d'apprentis-marins