Dans la littérature à propos des voyages, deux genres traditionnels apparaissent : le journal de bord et le guide ; et deux personnages : le voyageur et le cicérone. L'objectif de cet article et d'avancer dans la compréhension des villes en tant que champ culturel dans la perspective du voyage et des voyageurs. Dans cet article, nous proposons de repenser la distance entre Mário de Andrade et Gilberto Freyre, figures centrales du modernisme et de l'anthropologie au Brésil, à partir de l'examen de leurs expériences de voyage. Plus spécifiquement, il s'agit de mettre en scène une rencontre entre ces deux personnalités distinctes, parfois antagonistes, en un topos commun d'accès à la culture brésilienne: les villes du Nord et du Nordeste du Brésil, surprises par la crise du régime agro-exportateur et patriarcal, avec leurs résidus de paysage et de caractère, de peuple et de modes de vie, de mémoire, de forme urbaine, d'architecture, d'art et de folklore. La base de lecture sont les journaux de bord et les chroniques rédigées par l'écrivain paulista tout au long de ses deux longs voyages ethnographiques en Amazonie (1927) et au Nordeste (1928/1929); le journal de jeunesse, les chroniques de journal et le Guide Pratique, Historique et Sentimental de la Ville de Recife (1934), de l'anthropologue originaire du Pernanbouc. Si l'option pour ces écrits - d'importance mineure dans l'ensemble de leurs œuvres, mais qui constituent, néanmoins de solides positions par rapport aux genres dans lesquels ils s'incluent - instiguent le touriste et le cicérone à une relation de proximité, il est possible de constater, à côté d'un voyage plaisant, une dimension exploratrice et ethnographique de la société moderne.
Mário de Andrade; Gilberto Freyre; Voyage; Villes; Modernisme brésilien