Résumé
D’après Abdelmalek Sayad, la réalisation du projet migratoire se définit par l’impact des institutions de la société du pays d’accueil et de son système de post-industrialisation sur le mode de vie et le parcours des immigrés, depuis le pays de départ jusqu’au pays d’installation. Ce processus ne s’inscrit pas seulement dans un contexte institutionnel, spatial ou temporel, mais il se définit également par la situation familiale, la condition sociale, l’aspect économique et les transformations politiques, tant de la société du pays d’origine que de celle du pays d’accueil. C’est ainsi que le déracinement et le syndrome d’illusions se croisent, pour produire dans l’imaginaire des personnes déplacées, un état d’incertitude entretenu par un rapport de dominant/dominé entre deux États politiquement opposés. C’est à partir de cette opposition entre “national” et “non-national”, en tenant compte des mécanismes et des moyens juridiques et politiques mis en place par les agents d’État, qu’on doit chercher à comprendre les attentes d’un projet dans une société différente de celle du pays de départ. Ce constat ne peut être étudié indépendamment des mutations et des transformations de la société de départ et de celle du pays d’installation. Dès lors, l’incertitude et l’illusion de l’idée d’un éventuel retour modifient le fonctionnement même des rapports entre les membres du groupe familial et/ou entre les générations cherchant à éviter l’échec ou l’interruption de l’aventure migratoire. À ce sujet, A. Sayad, rappelle que chaque projet est, consciemment ou inconsciemment, appréhendé dans un imaginaire singulier ou collectif chez des immigrés absents dans deux sociétés.
Mots clés : immigration; projet migratoire; État; incertitudes; illusions; imaginaire; exil; naturalisation; intégration; domination; discrimination; national; non-national