La littérature nationale concernant « l'aventure de la citoyenneté au Brésil » suggère souvent que les termes de l'ordre normatif moderne se seraient introduits chez nous d'une façon particulière lorsqu'ils sont opposés à ceux des prétendues « sociétés modernes centrales ». Comme indice de cette « particularité », on évoque la prétendue singularité de l'institutionnalisation des garanties et des obligations civiles, politiques et sociales chez nous : les voies empruntées, la séquence historique avouée, l'étendue et la profondeur concrètes de chacune, aussi bien leurs principaux piliers, seraient l'épreuve de « l'exception normative brésilienne ». Cet article consiste en un effort de révision critique : d'abord, je parlerai d'une façon ponctuelle et sélective de la littérature récente sur « la cytoyenneté au Brésil » afin d'identifier les difficultés et les dilemmes analytiques. Ensuite, je me consacrerai à l'enjeu que j'estime être deux des principaux ancrages théoriques de la pensée sociale brésilienne, en éclairant les éléments influant nettement les interprétations concernant la prétendue « exception normative » du Brésil moderne. Enfin, je prônerai le besoin d'une mise en relief analytique de la dimension contingente de la construction de la citoyenneté afin d'éviter les approches «essentialistes » des processus de définition de notre ordre normatif. A cet effet, je mènerai quelques incursions historiographiques dans le but d'illustrer la tentative d'évier les dilemmes soulignés à partir de la mise en oeuvre de deux idées clés : d'une part, la notion d'opportunités politiques et, d'autre part, l'idée selon laquelle des droits et des devoirs appartiennent aussi bien à des catégories juridiques qu'aux pratiques situationnelles.
citoyenneté au Brésil; Sociologie Politique; modernité; essentialisme